L’attachement

Les 7 besoins de l’enfant

T. BRAZELTON a bien défini les 7 besoins de l‘enfant.
Deux de ces besoins ont une particulière importance pour le sujet qui nous occupe :

  • Le besoin d’expériences adaptées aux différences individuelles.
  • Le besoin d’expériences adaptées au stade de développement.

Mais aussi «l’attachement»
L’attachement se définit comme un lien particulier, sélectif, que l’enfant établit au départ de sa vie avec un adulte et dont le but pour lui est de maintenir une proximité physique avec cet être de référence qui génère le sentiment de sécurité.
La figure d’attachement principal est très généralement la mère, mais en cas d’empêchement ou d’inaptitude ce peut être un père, une mère adoptive ou une autre personne : toute personne en fait qui sait répondre de façon appropriée aux signaux de l’enfant, qui prend soin de lui de façon continue, constante, stable, chaleureuse, et surtout qui est accessible lorsque l’enfant se sent inquiet.

BOWLBY en fit la première description.

Plus tard, ROBERTSON décrira chez le jeune enfant trois phases évolutives exprimée à partir de la séparation d’avec sa figure d’attachement :

  • protestation – désespoir – détachement

Différents types d’attachement

C’est Mary AINSWORTH qui proposera le concept de «base de sécurité». Elle met au point un protocole d’observation en sept épisodes de la séparation – réunion entre la mère et l’enfant qui lui permet de décrire trois types d’attachement :

  • «sécure», le plus fréquent, considéré comme la norme : l’enfant proteste lors de la séparation et accueille avec plaisir sa mère au moment de son retour
  • «insécure», comportant deux situations :
  • «insécure-évitant» : l’enfant paraît peu affecté par la séparation et évite la proximité avec sa mère lors des retrouvailles
  • «insécure ambivalent ou résistant» : l’enfant montre de la détresse lors de la séparation mais mélange contact et rejet lors de la réunion avec sa mère.

MAIN en 1985 introduit une autre catégorie, «insécure désorganisé» :
lors du retour vers sa mère, l’enfant a un comportement dépourvu de stratégie cohérente : il est débordé par l’angoisse, et n’arrive pas à obtenir un soulagement à sa détresse.

Cette classification s’est révélée valable pour toutes les cultures, y compris celles, en Afrique par exemple, dans lesquelles plusieurs personnes s’occupent de l’enfant et sont pour lui des figures d’attachement.
«Cette épreuve (de la séparation – réunion) a montré son intérêt pour prédire les compétences du bébé dans des études liant la qualité de l’attachement à 12 mois et le fonctionnement émotionnel et social de l’enfant avant 6 ans en ce qui concerne la tolérance aux frustrations, la résistance et la capacité d’effectuer des apprentissages.

Cependant il est très important de noter que le déroulement normal et progressif de cette évolution suppose qu’il n’y ait pas d’événement de vie venant la contrarier.

Les deuils, les séparations, les traumatismes, les maladies graves, etc… ont un impact sur l’attachement qui peut modifier le style d’attachement, d’autant plus que l’enfant est plus jeune et qu’il bénéficie moins de l’intervention de facteurs protecteurs». (N. et A. GUEDENEY, «L’attachement»).

Attachement au père et à la mère : différences :

Les premiers travaux sur l’attachement n’étudiaient que la dyade mère-enfant.
En 1964 SHAFFER et EMERSON ont montré que le père peut être aussi une figure d’attachement, et d’autres travaux récents le confirment. Il reste cependant beaucoup à découvrir encore sur ce lien père-enfant.

Se pose alors la question du pouvoir sécurisant des pères et des mères. C’est surtout LAMB, spécialiste des relations père-enfant, qui apporte une réponse, non remise en question aujourd’hui :

Après avoir étudié des familles suédoises dans lesquelles c’est la mère qui travaille à l’extérieur et le père qui s’investit dans les soins à l’enfant (congé parental), il constate qu’il y a une équipotentialité du père et de la mère pour ce qui concerne la vie de tous les jours.

Mais en cas de fatigue, maladie, présence d’une personne peu familière ou stress quelconque, c’est vers la mère que l’enfant se tourne car c’est avec elle qu’il se sent le mieux rassuré et consolé.

L’attachement au père se différencie donc de l’attachement à la mère. En effet les comportements sensibles des pères vis-à-vis de l’enfant ne prédisent pas la sécurité de l’attachement comme avec les mères. La sécurité avec le père paraît associée au jeu et à la résolution de problèmes.

Depuis les années 1990, les scientifiques admettent que la qualité de l’attachement à la mère est le meilleur garant de l’adaptation socio-scolaire.

Cependant les meilleurs scores de compétences se retrouvent chez des enfants attachés de façon sécurisée à chacun de leurs parents.

L’enfant peut donc nouer plusieurs attachements différents, mais il y a toujours une hiérarchie et une figure principale d’attachement qui aujourd’hui encore, malgré le travail féminin et la plus grande implication des pères est le plus souvent la mère.

Ceci s’explique en partie par l’expérience de la grossesse et l’accouchement durant lesquels les facteurs hormonaux influencent le comportement maternel en jouant un rôle dans la sensibilité et l’émotionnalité de la mère avec son enfant, mais des facteurs psychologiques et sociaux peuvent interagir en influençant la qualité du système de «caregiving» (don de soins)

L’importance avérée de la sécurité de l’attachement a entraîné une modification des habitudes et comportements dans les domaines qui touchent à l’enfance et dont l’objectif est d’apprivoiser la séparation. C’est ainsi que l’on a amélioré la qualité des crèches par la formation de leurs personnels et l’accueil des bébés qui doit être progressif. On prévoit des hébergements non loin des hôpitaux pour que les parents puissent être présents lors des hospitalisations des jeunes enfants. On a crée une nouvelle discipline, la «maternologie» dont l’objectif est de rétablir un lien satisfaisant entre la mère et l’enfant lorsque ce lien ne l’est pas, et que la mère présente des difficultés à exercer sa parentalité.

Transmission du «modèle interne opérant»

On retrouve dans toutes les études un lien entre les représentations de la mère et celles de l’enfant :

  • mère sécurisée : enfant sécurisé
  • mère insécurisée : enfant insécurisé.

Autrement dit, en fonction de son propre «modèle interne opérant» qu’elle s’est construit dans les premières années de sa vie, la mère va influencer le sentiment de sécurité de son bébé par les interactions qu’elle a avec lui.

Les études, à ce jour, ne montrent pas la même influence du modèle interne opérant du père. C’est plutôt par le langage qu’il influence l’enfant.

Avis des spécialistes

L’ATTACHEMENT, UN LIEN VITAL Nicole Guédeney

Dans cet article de 2010, N. Guédeney explique en quoi consiste le système d’attachement d’un bébé et quel est son objectif .

L’enfant s’attache aux personnes les plus familières qui s’occupent de lui, mais il y a toujours une hiérarchie et une figure principale d’attachement, la mère dans la majorité des cas. Les autres figures d’attachement sont appelées « subsidiaires ». Cela ne signifie pas que l’enfant aime plus l’une que les autres, mais cela veut dire que c’est la figure d’attachement principale qui donnera le sentiment de sécurité à l’enfant, lequel joue un rôle essentiel dans la régulation de son développement psychophysiologique.

Jusqu’à la deuxième année, ce système  a pour objectif  de  maintenir la proximité de sa figure d’attachement en fonction de ses besoins, ce qui lui permet de réguler ses émotions et d’être sécurisé.

A partir   de la deuxième année et jusqu’à  3 ans environ, au fur et à mesure du développement de ses capacités cognitives, ce besoin de proximité sera remplacé par le besoin de savoir sa figure d’attachement disponible, en cas de besoin

A partir de trois-quatre ans, l’enfant peut mentaliser sa figure d’attachement si elle s’absente durant un temps donné qui s’allongera au fur et à mesure  que ses capacités croîtront. Il aura seulement besoin de la savoir accessible, s’il en éprouve la nécessité.

Page 11 :  « Les besoins d’attachement varient également,  quelles que soient les nouvelles capacités cognitives de l’enfant, en fonction de l’état de l’enfant et des conditions environnementales auxquelles il est exposé. Un enfant malade, fatigué, ou dans un environnement  inconnu, aura besoin davantage de  la proximité de sa figure d’attachement pour se rassurer,  que lorsqu’il est chez lui, en pleine forme et où la seule accessibilité de sa figure d’attachement suffira pour le rassurer complètement. »

C’est la raison pour laquelle, on doit absolument tenir compte de ces  impératifs  lors des gardes d’enfants lorsque les parents sont séparés, ou en cas de placement.

JEAN LE CAMUS

JEAN LE CAMUS, professeur de psychologie, spécialiste en développement de l’enfant, confirme, dans son livre «Le vrai rôle du père » (2000) p. 71, p. 74:

 » Shaffer constate qu’à la fin de la première année, 29% des enfants ont formé plusieurs liens simultanément.

A 18 mois, 87% des enfants ont formé des liens multiples :

  • La mère est la figure la plus importante,
  • Les pères arrivent en deuxième position,

puis viennent dans l’ordre des fréquences d’apparition, un grand-parent, un autre membre de la famille, ou encore un ami, un voisin, un frère ainé… »

« En cas de détresse, l’enfant préfère la base de sécurité maternelle. »

« Equivalence du pouvoir sécurisant de la mère et du père :

La réponse vient en deux temps :

On parvient à objectiver l’équipotentialité des deux parents dans des conditions d’observation proches de celles que l’enfant connait dans sa vie de tous les jours mais on souligne  » la supériorité » de la mère dans des conditions plus difficiles : fatigue, maladie, présence d’une personne peu familière ou inconnue.

Un peu plus tard, LAMB confirme la préférence pour la mère après qu’il a donné la preuve du peu d’incidence du facteur  » degré d’implication paternelle » dans la hiérarchie des choix affectifs des enfants.

Les pères suédois hautement investis dans les soins (bénéficiaires du congé parental) ne se montraient pas plus attractifs que leurs compagnes ayant pris l’option de travailler à l’extérieur du foyer ni même que les pères  » traditionnels » (non bénéficiaires du congé parental)

Ces deux séries de constats poussent donc à admettre le primat de la mère.

Depuis les travaux de LAMB, cette forme de supériorité n’a pas été remise en question ».

LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT

par MAURICE GAUDREAULT

www.angelfire.com/ab/mgaudreault/P3attachement.html

«L’ATTACHEMENT ENTRE LE BÉBÉ ET SA MÈRE EST INNÉ»

SERGE LEBOVICI, Professeur  de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, psychanalyste, il a été président de l’Association psychanalytique internationale

www.psychologies.com/Famille/Etre-parent/Mere/Interviews/Serge-Lebovici-L-attachement-entre-le-bebe-et-sa-mere-est-inne