Les troubles de l’attachement
De nombreux travaux de recherche démontrent qu’un attachement sécurisé protège l’enfant contre l’installation de troubles psychologiques.
BOWLBY en 1960 décrivait les peurs «phobiques» de l’enfant comme des conséquences possibles de l’angoisse de séparation.
En 1980 il souligne les liens qui existent entre psychopathologies et dysfonctionnements plus ou moins précoces de l’attachement.
Ils ont été et sont toujours étudiés par de nombreux chercheurs, médecins pédiatres et pédo-psychiatres.
Loeber en 1991 affirme qu’il existe une période critique durant l’enfance où des évènements comme la séparation d’avec la mère, une succession de figures maternelles ou une pauvre qualité des soins, font le lit de comportements antisociaux ultérieurs.
Goldberg en 1990, met en évidence que les nourrissons (suivis jusqu’à l’âge de huit ans), qui présentaient un lien sécurisant étaient plus compétents intellectuellement et socialement que ceux dont l’attachement était anxieux.
Depuis les années 1990, tous les scientifiques admettent qu’il existe une relation entre la qualité de l’attachement en bas âge et les problèmes de comportement à la période scolaire.
Depuis 1980, BOWLBY et d’autres chercheurs (SPITZ, GOLDFARB,…) ont souligné les liens qui existent entre certaines psychopathologies de l’adulte et les troubles plus ou moins précoces de l’attachement dans le contexte de séparations prolongées de causes diverses entre l’enfant et sa mère.
D’autres travaux plus récents mais le plus souvent ignorés confirment ces faits. Ils montrent un lien entre système d’attachement et :
- troubles de l’humeur (TYRELL – DOZIER, 1997)
- troubles anxieux (FONAGY, 1996 ; WARREN, 1999)
- troubles alimentaires : anorexie, boulimie (KOBAK, 1996)
- conduites addictives : toxicomanie, alcoolisme, etc…(FONAGY, 1996)
La perte ou la séparation de la figure d’attachement pendant l’enfance sont ainsi considérées comme des facteurs de vulnérabilité aux troubles anxieux et aux états dépressifs chez l’adulte.
Enfin des études plus récentes (ZANARINI 1989, LIOTTI 1999) montrent que les attachements désorganisés et les expériences traumatiques précoces jouent un rôle dans le développement et la sévérité des troubles limites de la personnalité sous forme de troubles fonctionnels dissociatifs (dépersonnalisation, troubles de mémoire, pensée désorganisée, impulsivité mal contrôlée )
Dozier et coll. (1999) insistent pour définir l’attachement désorganisé comme le modèle prototype de la dissociation («l’attachement», Guédeney, 2006 p.186-187).
Carlson et coll. (1998) ont pu montrer les liens directs entre attachement désorganisé dans l’enfance et risque de troubles dissociatifs à la fin de l’adolescence.
C’est dire la gravité d’un tel attachement qui pourrait à lui seul servir de critère de recherche dans ce domaine.
Ainsi, les troubles de l’attachement installés précocement peuvent générer des troubles irréversibles qui vont persister chez l’adolescent puis chez l’adulte sous la forme de difficultés d’adaptation aux évènements et au milieu de vie :
En cas d’attachement insatisfait, l’enfant reste collé à sa mère, n’ose pas s’en éloigner, n’ose pas explorer le monde, ce qui altère ses capacités d’apprentissage et peut même dans certains cas entraîner une déficience intellectuelle.
de Michelle St-Antoine, Psychologue, DRD